Une fois encore me voilà submergée par cet horrible défaut - car oui, c’en est un. La perfection est un mal insidieux qui, sous les dehors d’une qualité inestimable quand on est l’utilisateur, l’usager ou le consommateur, est un véritable fléau en tant que prestataire de services.
C’est à cause d’elle qu’on remet 20 fois (ou plus) sur le métier son ouvrage.
C’est à cause d’elle qu’on passe des nuits blanches et des journées noires.
C’est à cause d’elle qu’on est en retard (sauf si le respect des délais est une maladie plus forte que ce syndrome – ah le consultant indépendant est un grand malade !).
La perfection tue. Elle tue la créativité. Elle tue la spontanéité. Elle tue le goût du risque et du challenge. Elle tue l’innovation.
En cherchant à tout prix la perfection – UNE perfection seulement -, on efface les imperfections – ou ce qu’on prend pour telles -, on gomme les aspérités, on lisse les reliefs qui font l’originalité, le parti pris et la force d’un travail. Et qu’on tue toute chance de sérendipité (voir mon article sur le sujet).
Alors pour lutter contre ce syndrome, voici ma recette.
- Dès la commande d’une mission et la prise de brief, travailler sur le dossier et faire un premier jet
- Laisser reposer le tout (5 min ; 24h ou 1 semaine selon les délais de livraison)
- Se changer les idées avec un autre dossier ou grâce à une marche salutaire souvent source d’inspiration (à défaut ça permet toujours de faire ses 30 minutes quotidiennes d’activités sportives)
- Retravailler le sujet
- Cinq minutes de pause avant relecture et corrections en tout genre
Cette première mouture constitue soit la version finale (un rêve d’autant plus accessible qu’on connaît bien ses clients), soit une bonne base de discussion en vue de finalisation.
Car mon client n’attend pas de moi la perfection (enfin pas du premier coup), mais bien des idées à confronter, valider, infirmer. Puis nous travaillons ensemble au perfectionnement du texte, du projet, des pistes d’action.
Ce n’est pas seul mais bien ensemble qu’on peut atteindre cette perfection… et guérir progressivement de ce syndrome.
Et vous, êtes-vous parfaits ? La perfection vous empêche-t-elle d’avancer ou, au contraire, constitue-t-elle un bon stimulant pour toujours vous dépasser ?
Cécile Trompette, consultante indépendante presque imparfaite